Avec toute la douceur possible j’entrouvris mes paupières meurtries par le froid, je respirais l’air marin avec lenteur. Le sable fouettant et cinglant, le vent chargé d’iode, la sensation des galets tranchants sous mes pieds, le bruit calme et infini des rouleaux ce déposants avec une douceur de soie sur la grève, tout ce tourbillon, ce mélimélo de son, de couleur, de sensation, c’était comme recevoir un coup de foudre et la caresse d’une femme en même temps. Qu’elle est donc d’ailleurs la différence ? La foudre peut parfois faire autant de bien qu’une étreinte!
Le soleil ce couchait sur cette immense étendu d’eau, presque paisible, du coin de l’œil j’observais les jeux de lumière entre les rouleaux des vagues, semblables à des tranchées d’or et de bronze. En déplaçant légèrement mon regard sur la gauche, je pouvais apercevoir à quelques kilomètres, un magnifique trois mats mouillant dans une petite crique aux parois irrégulières. La coque était certainement en orme, d’une longueur équivalente à soixante pieds environ. La cabine du capitaine surmontée le ponton où de minuscules ombres effectuées les dernières tâches de l’amarrage, cet apparent désordre était inhabituel lors d’une telle manœuvre, et je me demandais pourquoi ce diable de capitaine avait désiré ce poser dans un endroit si exigüe et dangereux, il fallait être à moitié fou pour tenter pareil périple. En plissant les yeux pour me protéger du vent mordant je reconnu l’emblème du navire, le vieux Enutrof ne m’avait donc pas trompé, c’était bien eux.
J’entraperçu les matelots débarquer des biens surement chapardés, pendant que d’autre préparaient le feu. Il ne suffit que de 10 minutes pour que les tonneaux soient mis en perce et que des feux rougeoyants lèches les contours des viandes placés par-dessus. Je ne mis point longtemps à sentir les venaisons grillés, et l’odeur du vin d’Amakna que le vent m’apportait. J’enviais leur franche camaraderie après une bonne journée de piratage.
A cet instant je fus pris de tremblement, une vague de chaleur intense traversa mon corps et des goutes de sueurs commençaient à perlé le long de mon front. C’était les prémisses de ma faim dévorante, ma faim de sang, de massacre, d’os qui craquent sous ma masse, de pleurs de paysans massacrés, brulés vif, consumés dans les flammes de mon insatiable faim. Voila tout ce qui taraude la plupart des disciples de la grande, la sublime, la sérénissime, Sacrieur. Une envie de sang, plus importante que l’envie de vivre elle-même. Tuer cet Osamoda sur la route n’avait donc pas était suffisant ? Ni ce vieux Enutrof voulant me soutirer quelques piécettes contre de simples informations ? Ni encore cette brave hôtesse m’ayant accueillit la nuit dernière ?
Non !
Il m’en fallait plus, depuis que je les avais quitté, cette malédiction m’avait rattrapé, ou peut être que ma faim se contenait elle avec les fourberies et abordages que j’effectués avec eux par le passé ?
Le vin, les camarades, PWOUT, la bière, les discutions au coin d’un feu, les rires des uns et des autres, tuer ! Voila ce qui me manqué dans ma petite vie drôlement incomplète …
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Ven 27 Jan - 17:12
